K a pris corps et vie il y a 15 ans, en un espace aujourd’hui disparu et appelé le forum de MySpace. Démarrant la photographie, je m’y étais fait un profil, pour « voir » ce que de vrais photographes proposaient et m’en inspirer. Et de balades en visites, ma souris me mena au forum…

Et c’est là, dans cet endroit virtuel mémorable, que K est née. Au fil des échanges, des rencontres que j’y ai noué, cette partie de moi est sortie de l’ombre. S’exprimant librement, reflétant celle qu’elle était réellement, cette entité tapie dans ma pénombre s’est peu à peu façonnée. Elle s’est créé une identité, unique selon les dires de ceux qui l’ont côtoyée. K était vraie. Elle n’était pas fictive, ce n’était pas un fake. K c’était une part de moi qui ne demandait qu’à s’extérioriser.

Pendant 2 ans, et quelques mois, K a pu exprimer sa créativité, sa sensibilité, sa sensualité. Elle a marqué de son empreinte le forum. Cet espace, totalement libre car moribond et non modéré, a été son berceau. Certaines rencontres, aussi, ont été ses mentors. Elle a été la muse d’un poète qui lui a écrit des histoires de lunes et des vers enflammés. Et la verve de cet hidalgo lui a ouvert la voie de l’écriture, qu’elle désirait secrètement emprunter sans jamais oser. Il lui a donné l’envie, et a fait tomber les barrières.

Puis K est partie, avant la fin du forum, avant de voir toutes ces rencontres, tous ces écrits disparaître à jamais.

K n’était jamais vraiment revenue ; moi, je l’avais fait taire. Bâillonnée dans l’obscurité.

Et puis, il y a quatre ans, à la relecture de certains écrits du forum, sauvés de la disparition finale, elle a eu envie de retrouver celui qu’elle avait marqué de son aura. Elle avait le pressentiment d’avoir compté pour lui. Alors K est revenue, sur un autre lieu, où elle a retrouvé cet homme. K est ressortie de l’ombre où elle était cachée, pour lui. Puis peu à peu, cette part de moi a eu cette soif de s’exprimer à nouveau, elle qui avait si longtemps été muselée. Sa créativité avait besoin d’une muse, d’un ancrage, et elle l’a trouvé auprès de cet homme.

Alors K a ressurgi de plus belle. Elle a photographié, elle a écrit, mue, émue par sa muse masculine. K s’est libérée de tous ses carcans. Elle exprimait ses tourments, ses désirs, sans barrière ni tabou. K est éprise de liberté avant tout. Mais dans cet endroit, où règnent la haine et la médisance, où la censure empêche l’expression artistique, où sa muse était partie vers d’autres horizons, elle s’est sentie seule, triste et à l’étroit.

Au bout de 3 ans, et de nombreux tourments, K a disparu, emportant avec elle toute trace de son passage. On ne mesure pas les impacts à quelques commentaires ou « likes » sur un profil. On le mesure dans les esprits, quand après 10 ans de silence on vous dit « oui ! K, je m’en souviens si bien ; elle m’avait manqué ».

Mais K, cette part de moi si profondément ancrée, ne veut plus se taire. Elle est libre, et a envie d’exprimer toute sa poésie, tendre ou trash, glauque ou triste, mais dans un endroit singulier et qui sera chez elle. Dans un endroit où les cerbères des réseaux sociaux ne viendront pas l’empêcher d’exprimer ce qu’elle veut.

K est libre, K veut s’exprimer sans tabous, K veut être elle-même. Elle veut sortir de l’ombre sans pour autant se projeter dans la lumière. Elle a besoin d’une tanière à la lumière en clair-obscur. Elle a besoin de son mystère et de son anonymat. Rare sont ceux qui ont vu K « en vrai » et qui ont pu associer ces deux entités : moi et K. Car K, c’est aussi le K. Celui qui reste en retrait et vous observe.

K s’est alors fait son écrin. Celui où elle pourra librement être elle-même. Celui où moi, je libérerai enfin sans contrainte cette partie de moi que j’aime tant : K. Ma petite K, que je porte en moi depuis bientôt 15 ans.

Aussi, K, je te fais cette déclaration : je t’aime. Du plus profond de moi, j’aime tes déchirures, ta sensibilité, ton esprit torturé, tes désirs, ta sensualité, ton côté trash, ton côté glauque. Et si tendre à la fois, lorsqu’on sait lire entre les lignes.

K tu es ma part d’ombre, et celle qui me sauve du néant.

 

Je t’aime K…